dimanche 28 février 2010

Réponse à Pierre Bouillon - carnet du samedi (Le Soir, 27 février)

Voici le carnet du samedi 27/02 de Pierre Bouillon. J'ai mis en italique le passage où il fait référence à mon livre:

Curieuse confusion des pouvoirs

Gilles Vanden Burre préside BPlus, mouvement anti-séparatiste qui préconise un « fédéralisme vrai et équilibré. » Mercredi, il présentait à la presse un livre d’assez bon aloi (« Oui, une autre Belgique est possible ») où l’auteur affirme notamment, on résume, que les Belges veulent continuer à vivre ensemble, en dépit de ce que nous chantent quelques politiques obsessionnels compulsifs. Si on évoque ce livre, c’est parce que l’auteur a déclaré à la presse : « Le débat sur l’avenir du pays est confisqué par les milieux politique, médiatique et académique. »
Confisqué !!??… Que des citoyens se soient spontanément délivrés du saint devoir de s’intéresser à la chose publique, ça, oui – et on ne juge pas, notez. Mais on se demande bien de quels pouvoirs politiques et médias disposeraient pour confisquer quoi que ce soir. On serait même tenté de penser que les citoyens disposent pour l’heure de plus en plus d’outils pour faire entendre leur voix et interpeller le politique – on songe aux sites, aux blogs, aux forums et même à ces SMS que l’on peut dérouler le dimanche midi sous la bobine de Pascal-Vrebos-mais-c’est-terrible-ce-que-vous-dites, pour faire valoir un point de vue citoyen étoffé. Au surplus, on rappellera l’existence de ces libertés constitutionnelles d’avoir un avis, de pouvoir l’exprimer et même de créer des associations pour donner du volume à son propos. Bref : confisqué qui-quoi-comment-dans quel but ? Nous pas comprendre.


Ce propos de M. BPlus intervient à l’heure où s’est réactivé le débat sur l’un des moyens les plus ordinaires de s’impliquer dans le débat politique : voter. Faut-il maintenir l’obligation de voter ? Le VLD a rouvert le débat en apprenant que le parquet ne poursuit plus les réfractaires. Alexander De Croo (VLD) plaide : avec le Luxembourg et la Grèce, la Belgique est le dernier pays européen où voter est forcé. Rappelant que cette obligation remonte à 1893 (l’année du suffrage universel), il juge qu’« il est temps que cette règle du 19e siècle retourne dans les livres d’histoire » (s’il fallait soulager notre législation de tout ce qui a été conçu avant le XXe, les études de droit dureraient trois mois –mais bref…). Ce n’est pas la première fois que le VLD charge sur ce terrain (à l’arme légère : visez le poids des arguments), sûr qu’il est que libéraliser le vote flatterait ses scores. Le projet n’est donc pas totalement pur (pour être franc : il ne l’est pas davantage chez les défenseurs du vote obligatoire, qui font le calcul exactement inverse.) On ne va pas, ici, peser les avantages et inconvénients du devoir de voter. On va juste noter que le pouvoir législatif a fixé une règle. Qu’il y a des sanctions. Mais que le parquet a donc décidé de ne pas châtier les fautifs. Pour le dire
autrement : le pouvoir judiciaire fait donc la loi. C’est nous ou ça n’est pas normal ?

Voici par ailleurs la réponse que je viens de lui envoyer par e-mail:

Cher Monsieur Bouillon,

J'ai eu le plaisir de lire que vous faisiez référence à mon livre "OUI! Une autre Belgiques est possible" (Editions Luc Pire) dans votre billet de ce samedi 27 février dans Le Soir. Comme vous vous posez certaines questions par rapport à la phrasesuivante, prononcée à l'occasion de la présentation du livre à Madame Lamensch mardi dernier, "Le débat sur l'avenir du pays est (la plupart dutemps) confisqué par les milieux politique, médiatique et académique", je tenais à vous apporter certains éclaircissements sur ce que je voulais précisément dire.

Je ne suis absolument pas un adepte de la théorie du complot et je ne sous-entendais pas que les instances politiques ou médiatiquesconfisquaient sciemment le débat sur l'avenir du pays pour satisfaired'obscurs agendas cachés. Par ailleurs, je vous rejoins lorsque vous dites que les citoyens ont de plus en plus d'outils à leur disposition pour sefaire entendre: blogs, forum, twitter, facebook, etc...

Ce que je voulais en fait dire en employant le mot "confisquer" est que le débat sur l'avenir de la Belgique s'est complexifié à outrance ces dernières années et qu'il s'est de ce fait éloigné des citoyens. Sur les 10 millions de Belges, qui peut en effet expliquer clairement les implications qu'aurait une scission de BHV, le transfert de telle ou telle compétence vers le niveau fédéral ou régional, l'utilisation de la procédure de la sonnette d'alarme ou celle du conflit d'intérêt? Très peu,vous en conviendrez. J'en conclus que pour pouvoir suivre le débat communautaire aujourd'hui tel qu'il est souvent présenté dans les médias, il faut être responsable politique, professeur d'université ou journalistespécialisé.

Un des objectifs principaux de mon livre est dès lors de redonner la parole aux citoyens en repartant de la question fondamentale: souhaite-t-on encore vivre ensemble? Mon intime conviction est que la réponse sera positive pour la grande majorité de nos concitoyens. Par lasuite, je démontre que chacun, à son niveau et s'il le souhaite bien sûr,peut oeuvrer au rapprochement entre Flamands et Francophones par des actions concrètes et des gestes quotidiens simples. Les citoyens ont doncun rôle crucial à jouer.

On pourra en effet enfermer des mois nos responsables politiques dans le Château de Val Duchesse, ils trouverontsans doute des compromis improbables, tous plus ingénieux les uns que lesautres. Cependant, sans une volonté ou un élan populaire clairs, aucune solution durable ne sera apportée aux défis de notre "vivre ensemble".

La dernière partie du livre s'attache davantage à résoudre nos fameusesépines institutionnelles (BHV, nomination des bourgmestres, répartitiondes compétences,...) et à plaider pour un profond changement de mentalité. Je serais évidemment ravi de pouvoir en discuter directement avec vous sivous le désirez et je vous fais parvenir un exemplaire du livre cette semaine. Merci d'avance pour votre attention.

2 commentaires:

  1. ça on peut le dire. On a tellement complexifié la gestion du pays que plus personne ne la comprend.

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  2. Excuse-moi Gilles, mais si il y avait eu consultation populaire en 93, les Belges n'auraient-ils pas refusé le fédéralisme ?

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