samedi 6 mars 2010

Contrastes...

Depuis une semaine, je suis à Mumbai (anciennement Bombay) en Inde pour mon travail et je dois encore y rester quelques jours. C'est d'ailleurs pour cette raison que je n'ai pu dédicacer mon livre à la Foire du livre ce week-end, à mon grand regret.

Dans un pays comme l'Inde, une des 5 plus grosses puissances économiques mondiales, on se rend vraiment compte de l'ampleur des défis globaux du 21e siècle. D'un côté, une économie hyper dynamique, des buildings qui poussent comme des champignons, des multinationales occidentales se battant pour capter ce marché de 1,2 milliards d'âmes, des hôtels 5 étoiles juchés à chaque carrefour du quartier des affaires à côté de restaurants tendances derniers cris. D'un autre côté, les laissés pour compte, les miséreux, représentant la majorité des habitants, qui dorment pour la plupart à même le trottoir ou dans les fameux slums devenus célèbre grâce au film Slumdog millionnaire et qui gagnent probablement moins d'1 dollar par jour. Entre ces deux extrêmes, une classe moyenne semble péniblement se développer mais la répartion des tâches entre les différentes classes (et castes) reste toutefois celle d'un autre siècle: il y a en effet du personnel pour tout! Ouvrir les portes, servir du thé ou de l'eau, appuyer sur les boutons de l'ascenseur, pousser la chaise quand on s'assied, repousser les mendiants quand on prend un taxi, allumer l'airco en salle de réunion, etc...

Je ne veux pas donner une image négative de ce pays extraordinaire (dans tous les sens du terme) où les gens sont extrêmement gentils mais plusieurs images de mes 5 jours passés ici m'ont vraiment marqué. Elles étaient toutes liées à la répartition inéquitable de la croissance économique. J'en ai parlé à un des mes collègues indiens (appartenant bien sûr à la classe moyenne/haute) et il me répondit que la croissance économique profitait à tous car plus il y a d'entreprises, plus il y a de jobs créés, peu importe leur degré de précarité. Je lui fis remarquer qu'il faudrait toutefois songer à mettre en place un système de redistribution formelle des richesses, sur le modèle de notre sécurité sociale, afin que les plus pauvres puissent vraiment sortir de la misère. Il souria alors en disant que ce genre de système était valable pour la vieille Europe à la croissance et au dynamisme décadent mais pas pour les pays en plein boom... J'arrêtai le débat à ce moment-là mais il est évidemment révélateur de ce qui se joue au niveau mondial actuellement: va-t-on continuer à donner la priorité à la création absolue de richesses ou plutôt à une véritable redistribution de celles-ci? Ce sont les pays tels l'Inde, la Chine, la Russie ou le Brésil qui, à mon sens, feront pencher la balance et nous resterons vraisemblablement cantonnés au rôle de spectateur.

Cela nous éloigne pas mal des problèmes belgo-belges pourrait-on croire au premier abord. En fait, pas tant que cela. Les défis du 21è siècle pour nos concitoyens sont aussi liés aux transformations de l'économie, de l'environnement et de la répartition des richesses. Evidemment, notre système social est un atout formidable par rapport à ces pays émergents mais il ne faut certainement pas se reposer sur nos lauriers durement acquis.
Au niveau de nos différends communautaires, ce genre d'expérience permet aussi de relativiser fortement les choses et de recentrer les priorités. Comme je le répète depuis longtemps, OUI!, nos problèmes institutionnels doivent être solutionnés au plus vite et non rangés au placard. Cependant, envoyer nos responsables politiques les plus excités sur les sujets communautaires en séminaire de travail en Inde, en Chine ou au Brésil permettrait certainement de remettre un peu l'église au milieu du village. Songeons ne fut-ce qu'un instant à ces habitants de Bruxelles à qui on a refusé de vendre une maison dans certaines communes flamandes à cause de leur manque de lien de proximité... Je suis prêt à me cotiser pour payer au plus vite un billet d'avion pour Mumbai au fonctionnaire flamand qui a pris cette décision! A méditer...

1 commentaire:

  1. Ca y est, j'ai acheté ton livre dimanche à la Foire du Livre de Bruxelles. Je vais essayer de le lire d'ici la fin avril.

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