Les négociations politiques en vue de la formation du prochain gouvernement fédéral et d’un accord sur une réforme de l’Etat semblent plus compromises que jamais et plus aucun commentateur avisé n’ose pronostiquer une issue favorable. Malgré ce pessimisme ambiant qui dure maintenant depuis environ quatre mois, il reste un acteur déterminant qui souhaite encore mordicus un avenir pour ce pays : nos concitoyens. En effet, cela fait deux semaines que tous les médias, au Nord comme au Sud de la frontière linguistique, les sondent au sujet du futur de la Belgique et les chiffres restent invariablement les mêmes : autour de 15% de séparatistes en Flandre, autour de 3% à Bruxelles et autour de 5% en Wallonie. L’écrasante majorité des habitants de ce pays se prononce donc en faveur de son unité et, ce, depuis des décennies. C’est un fait tout à fait remarquable qui est très peu commenté, voire même parfois dénigré si l’on prend en compte l’acharnement médiatique avec lequel on essaye de vendre le concept de « Plan B » ou de « Fédération Wallonie-Bruxelles » aux Francophones ; ou d’indépendance flamande aux Néerlandophones. Ces théories, qui ne semblent intéresser que peu de Belges, font toutefois la Une des journaux et des plateaux de télévision depuis au moins trois ans. On serait même tenté de conclure qu’on cherche davantage à monter les citoyens les uns contre les autres et que cette envie de « vivre ensemble » ne correspond pas à une certaine volonté politico-médiatique. On conçoit bien que c’est sans doute aller un peu vite en besogne mais on ne peut s’empêcher de penser que le résultat de ces enquêtes d’opinion à répétition constitue une « vérité qui dérange » pour certains, sur laquelle ils préfèrent fermer sciemment les yeux.
C’est certainement le cas pour les nationalistes flamands, le noyau dur de la N-VA en tête, qui martèlent depuis des années que la Belgique n’a plus de valeur ajoutée, que ce que font les Flamands seuls, ils le font mieux ou encore que le système fédéral ne marche plus car les responsables politiques n’arrivent plus à s’entendre. Ce dernier argument est le plus pervers car si certains acteurs refusent de faire fonctionner notre système politique afin de démontrer qu’il est bloqué, on ne sortira forcément jamais de l’impasse, sauf via la séparation. C’est d’ailleurs ce type de double-jeu qu’est suspectée de pratiquer la N-VA, qui est tout à fait consciente du fait que la plupart de ses électeurs n’est pas séparatiste. Pour preuve, Bart De Wever a éludé au maximum d’employer cet adjectif durant la dernière campagne électorale, même s’il fait partie intégrante de son programme.
Les médias du Nord du pays ont par ailleurs souvent embrayé sur ces thématiques et ces clichés. Même s’il ne faut pas généraliser, il est assez évident que le courant de pensée dominant la plupart des journaux et des faiseurs d’opinion en Flandre est celui réclamant toujours moins de Belgique ou toujours plus de Flandre, c’est selon. Ne nous méprenons-pas, notre pays a besoin d’une réforme de l’Etat octroyant davantage de responsabilisation et d’autonomie aux Régions, mais faut-il pour autant minimiser toutes les initiatives visant à rapprocher Francophones et Flamands, voire les passer sous silence ?
Les tendances de fond du côté francophone sont sans doute plus partagées mais il est indéniable que les dernières semaines ont vu fleurir dans la presse des scénari détaillés de Belgique résiduelle et des déclarations enflammées de responsables wallons menaçant de larguer la Flandre si nécessaire. Musculation pré-électorale, démonstration d’ego ou tactique de négociation ? Difficile à dire mais les médias ont en tout cas rapidement emboité le pas. A force de « jouer à se faire peur » et d’évoquer le pire, on risque de créer un vent d’inquiétude, voire de panique, dans la population, alors que, on le répète, celle-ci ne veut rien entendre de ces plans d’action post-Belgique.
L’objectif ici n’est pas d’alimenter une quelconque théorie du complot mais bien de poser plusieurs constats, dont celui voulant que les idées défendant l’unité du pays ou une main tendue d’une Communauté vers une autre n’aient pas la cote actuellement alors qu’elles sont plébiscitées par les populations des trois Régions du pays. De plus, l’honnêteté intellectuelle nous oblige à reconnaître que nous sommes tous coupables de cet état de fait : les citoyens, qui ne font entendre leur voix que via sondages interposés ; les médias, qui tombent trop facilement dans le sensationnalisme et nos élus, qui ont du mal à sortir de l’affrontement binaire d’une Communauté face à l’autre. Afin d’arrêter ce cercle vicieux, il faudrait une forte mobilisation populaire, peu fréquente dans nos contrées quand il s’agit de sujets politiques ou que cette « vérité qui dérange » soit révélée au plus grand nombre. Imaginons en effet un Al Gore à la belge qui sillonnerait l’ensemble des centres cultures du pays dans le but de démontrer la plus-value économique et sociale de la Belgique pour l’ensemble de ses habitants, de mettre en lumière l’absurdité de certains de nos désaccords communautaires et de prouver à quel point nos concitoyens tiennent au maintien d’un cadre belge, pourvu qu’il fonctionne. Rien d’émotionnel donc, mais uniquement des faits, des chiffres et des enquêtes scientifiques. Utopique dans le contexte actuel ? Peut-être. Techniquement réalisable ? Certainement. En tout cas, l’appel à candidatures vient d’être lancé…
C’est certainement le cas pour les nationalistes flamands, le noyau dur de la N-VA en tête, qui martèlent depuis des années que la Belgique n’a plus de valeur ajoutée, que ce que font les Flamands seuls, ils le font mieux ou encore que le système fédéral ne marche plus car les responsables politiques n’arrivent plus à s’entendre. Ce dernier argument est le plus pervers car si certains acteurs refusent de faire fonctionner notre système politique afin de démontrer qu’il est bloqué, on ne sortira forcément jamais de l’impasse, sauf via la séparation. C’est d’ailleurs ce type de double-jeu qu’est suspectée de pratiquer la N-VA, qui est tout à fait consciente du fait que la plupart de ses électeurs n’est pas séparatiste. Pour preuve, Bart De Wever a éludé au maximum d’employer cet adjectif durant la dernière campagne électorale, même s’il fait partie intégrante de son programme.
Les médias du Nord du pays ont par ailleurs souvent embrayé sur ces thématiques et ces clichés. Même s’il ne faut pas généraliser, il est assez évident que le courant de pensée dominant la plupart des journaux et des faiseurs d’opinion en Flandre est celui réclamant toujours moins de Belgique ou toujours plus de Flandre, c’est selon. Ne nous méprenons-pas, notre pays a besoin d’une réforme de l’Etat octroyant davantage de responsabilisation et d’autonomie aux Régions, mais faut-il pour autant minimiser toutes les initiatives visant à rapprocher Francophones et Flamands, voire les passer sous silence ?
Les tendances de fond du côté francophone sont sans doute plus partagées mais il est indéniable que les dernières semaines ont vu fleurir dans la presse des scénari détaillés de Belgique résiduelle et des déclarations enflammées de responsables wallons menaçant de larguer la Flandre si nécessaire. Musculation pré-électorale, démonstration d’ego ou tactique de négociation ? Difficile à dire mais les médias ont en tout cas rapidement emboité le pas. A force de « jouer à se faire peur » et d’évoquer le pire, on risque de créer un vent d’inquiétude, voire de panique, dans la population, alors que, on le répète, celle-ci ne veut rien entendre de ces plans d’action post-Belgique.
L’objectif ici n’est pas d’alimenter une quelconque théorie du complot mais bien de poser plusieurs constats, dont celui voulant que les idées défendant l’unité du pays ou une main tendue d’une Communauté vers une autre n’aient pas la cote actuellement alors qu’elles sont plébiscitées par les populations des trois Régions du pays. De plus, l’honnêteté intellectuelle nous oblige à reconnaître que nous sommes tous coupables de cet état de fait : les citoyens, qui ne font entendre leur voix que via sondages interposés ; les médias, qui tombent trop facilement dans le sensationnalisme et nos élus, qui ont du mal à sortir de l’affrontement binaire d’une Communauté face à l’autre. Afin d’arrêter ce cercle vicieux, il faudrait une forte mobilisation populaire, peu fréquente dans nos contrées quand il s’agit de sujets politiques ou que cette « vérité qui dérange » soit révélée au plus grand nombre. Imaginons en effet un Al Gore à la belge qui sillonnerait l’ensemble des centres cultures du pays dans le but de démontrer la plus-value économique et sociale de la Belgique pour l’ensemble de ses habitants, de mettre en lumière l’absurdité de certains de nos désaccords communautaires et de prouver à quel point nos concitoyens tiennent au maintien d’un cadre belge, pourvu qu’il fonctionne. Rien d’émotionnel donc, mais uniquement des faits, des chiffres et des enquêtes scientifiques. Utopique dans le contexte actuel ? Peut-être. Techniquement réalisable ? Certainement. En tout cas, l’appel à candidatures vient d’être lancé…
Bravo Gilles pour ce texte avec lequel je suis tout à fait d'accord. Cela rejoint ce que tu as écrit dans ton livre. Je mets le lien sur mon blog vers ce texte qu'il faudrait traduire en néerlandais.
RépondreSupprimerSi seulement nos politiciens réglaient réellement les problèmes importants du pays, si seulement Bart DE WEVER agissait comme un réel constructeur unificateur en prouvant que tout est possible en Belgique alors il arriverait à ce qu'il veut par dessus tout - être un homme exceptionnel un grand politicien qui marquerait l'histoire de son pays.
RépondreSupprimerIl en rêve mais n'y arrive pas.
Se dire grand homme et emprunter une citation d'un autre grand homme pour paraitre grand c'est être petit.
En effet, c'est faire preuve de peu d'imagination.
C'est le cas de tous ceux qui planchent pour agir contre le pays, contre la majorité des belges qui aiment leur pays et qui souhaitent le garder uni comme le dit si bien l'article de Gilles.
Dans un champ, il y a ce qui qui est cultivé et il y a aussi les mauvaises herbes...
Depuis bien longtemps nos ministres s'occupent trop a se bagarrer plutôt qu'à créer réellemnt pour l'avenir.
Les belges ne veulent pas être manipulés et ils ne l'accepteront jamais.
Mais le belge est trop bon et c'est bien là sa faiblesse.
Comment expliquer les investissements flamands au sud du pays et comment expliquer les invesstissement francophones au nord du pays si ce n'est un sentiment "Belge" bien profond?
Amaury