Depuis un peu plus d’une semaine, on a enfin l’impression de tenir une véritable bonne nouvelle en ce qui concerne ces interminables négociations gouvernementales : le Roi a nommé un formateur ! Cela signifie donc théoriquement que l’évolution des discussions est positive, que les points de vue se sont rapprochés, bref que chacun semble mûr pour monter dans le navire Di Rupo Ier. Mais il nous faut malheureusement déchanter. En effet, à la lecture de la presse du Nord et du Sud du pays, le niveau de confiance entre les partis n’a jamais été aussi faible, aucune avancée sur les principaux points de discorde n’est constatée et cette période de formation servirait uniquement de paravent le temps de trouver un moyen de prolonger le gouvernement en affaires courantes. Comme le résumait récemment le Standaard, « les chances que Di Rupo fasse un gouvernement avec la N-VA sont inexistantes, la distance (entre eux) est tout simplement trop grande ». La meilleure preuve en est que la N-VA n’a pas hésité à critiquer Elio Di Rupo dès que furent terminées ses premières consultations en tant que formateur. Dans une telle ambiance, aucune négociation ne peut aboutir, que ce soit en politique ou ailleurs. Dans ce cas, « qu’est-on donc occupé à faire ? » et « comment sortir de cette impasse ? » sont les deux questions légitimes que tout citoyen a le droit, voire le devoir, de se poser. Pour la première, il est conseillé d’interroger nos responsables politiques. Quant à la seconde, les paragraphes qui suivent constituent une tentative de réponse.
A côté de la désignation d’un formateur, une deuxième bonne nouvelle s’est en fait glissée dans les dépêches de ces derniers jours : les négociations vont s’élargir aux dossiers socio-économiques. Cela ne risque-t-il pas justement de compliquer davantage le schmilblick ? Que du contraire ! C’est l’occasion de réintroduire un concept qui semble avoir disparu dans les limbes de la politique belge : la famille politique. En effet, sur le terrain socio-économique, les familles libérale, socialiste, écologiste et socio-chrétienne devraient chacune se trouver sur la même longueur d’onde et seule une feuille de papier à cigarette devrait pouvoir séparer leur programme respectif de part et d’autre de la frontière linguistique. Concrètement, que le formateur demande à chaque famille politique (CD&V – CDH, SPA – PS, Groen – Ecolo et Open VLD – MR) de remettre une note sur ses priorités socio-économiques dans les dix jours. Si cet exercice réussit, cela créerait une solide base pour embrayer vers la négociation du programme gouvernemental proprement dit ; cela augmenterait le degré de confiance entre Flamands et Francophones, qui auraient réussi à se mettre d’accord avec leur homologue idéologique ; et cela réduirait le nombre de partenaires autour de la table (on passerait de 9 à 5). Last but not least, cela diminuerait le poids et l’influence de la N-VA dans les discussions vu qu’elle n’a pas de partenaire politique au Sud du pays.
On pourrait même pousser le bouchon plus loin et imaginer que chaque formation politique traite des écueils communautaires avec son alter-ego idéologique, sur base de la note de Wouter Beke. Les bleus, les oranges, les verts et les rouges remettraient alors ensemble leurs commentaires sur la solution envisagée pour régler BHV. Passés les obstacles socio-économiques et BHV, le ciel gouvernemental s’éclaircirait fortement.
Il est clair qu’une telle manière de procéder ne résoudrait pas tout du jour au lendemain et que la réforme de la loi de financement, pour ne prendre que ce seul exemple, restera vraisemblablement la principale pierre d’achoppement de la formation d’un exécutif fédéral. Néanmoins, ce changement de méthode dans les négociations n’apporterait que des avantages par rapport à la situation actuelle ou tout semble désespérément bloqué. Avec un objectif majeur : recréer de la confiance entre les partenaires.
Est-ce que les différent partis sont prêts ou auraient intérêt à se lancer dans cette nouvelle option ? En ce qui concerne les familles socialiste, écologiste et libérale, leurs relations paraissent toujours fort soudées et dégager des priorités socio-économiques communes ne devraient pas leur poser de problème majeur. Pour la famille socio-chrétienne, il est évident que les liens entre le CD&V et le CDH sont des plus distendus. Cela se situe cependant davantage au niveau des désaccords communautaires et un accord socio-économique devrait donc pouvoir être envisageable, avec un peu de bonne volonté. Enfin, la N-VA sera certainement opposée à un tel schéma car elle n’a rien à y gagner et elle risque de sortir du centre du jeu, ce qui est d’ailleurs un des objectifs de la formule. Il en revient alors aux autres partis de prouver que la recherche d’un accord global prend le pas sur des considérations électoralistes à court terme, quitte à se passer de la N-VA si celle-ci ne suit pas le mouvement.
Le changement de cap proposé ici ne représente bien sûr pas la panacée mais a l’ambition de relancer la dynamique actuelle des négociations qui a l’air totalement grippée, pour ne pas dire plus. Sur le fond, étant donné que tous les partis, hormis l’extrême droite, sont impliqués dans les discussions, peu de variations sont possibles. Il faut dès lors agir sur la forme et c’est le pari qui est pris ici : casser la logique de front flamand contre front francophone, retrouver de la confiance mutuelle entre tenants de la même ligne idéologique et négocier sur base de propositions concrètes couchées noir sur blanc. Cela fait bientôt un an que les 10 millions de Belges attendent qu’un accord soit bouclé et qu’au minimum tout soit tenté pour y arriver. Le volontarisme politique ne fait pas tout mais il est indispensable pour sortir de cette crise profonde. Clap, action !
A côté de la désignation d’un formateur, une deuxième bonne nouvelle s’est en fait glissée dans les dépêches de ces derniers jours : les négociations vont s’élargir aux dossiers socio-économiques. Cela ne risque-t-il pas justement de compliquer davantage le schmilblick ? Que du contraire ! C’est l’occasion de réintroduire un concept qui semble avoir disparu dans les limbes de la politique belge : la famille politique. En effet, sur le terrain socio-économique, les familles libérale, socialiste, écologiste et socio-chrétienne devraient chacune se trouver sur la même longueur d’onde et seule une feuille de papier à cigarette devrait pouvoir séparer leur programme respectif de part et d’autre de la frontière linguistique. Concrètement, que le formateur demande à chaque famille politique (CD&V – CDH, SPA – PS, Groen – Ecolo et Open VLD – MR) de remettre une note sur ses priorités socio-économiques dans les dix jours. Si cet exercice réussit, cela créerait une solide base pour embrayer vers la négociation du programme gouvernemental proprement dit ; cela augmenterait le degré de confiance entre Flamands et Francophones, qui auraient réussi à se mettre d’accord avec leur homologue idéologique ; et cela réduirait le nombre de partenaires autour de la table (on passerait de 9 à 5). Last but not least, cela diminuerait le poids et l’influence de la N-VA dans les discussions vu qu’elle n’a pas de partenaire politique au Sud du pays.
On pourrait même pousser le bouchon plus loin et imaginer que chaque formation politique traite des écueils communautaires avec son alter-ego idéologique, sur base de la note de Wouter Beke. Les bleus, les oranges, les verts et les rouges remettraient alors ensemble leurs commentaires sur la solution envisagée pour régler BHV. Passés les obstacles socio-économiques et BHV, le ciel gouvernemental s’éclaircirait fortement.
Il est clair qu’une telle manière de procéder ne résoudrait pas tout du jour au lendemain et que la réforme de la loi de financement, pour ne prendre que ce seul exemple, restera vraisemblablement la principale pierre d’achoppement de la formation d’un exécutif fédéral. Néanmoins, ce changement de méthode dans les négociations n’apporterait que des avantages par rapport à la situation actuelle ou tout semble désespérément bloqué. Avec un objectif majeur : recréer de la confiance entre les partenaires.
Est-ce que les différent partis sont prêts ou auraient intérêt à se lancer dans cette nouvelle option ? En ce qui concerne les familles socialiste, écologiste et libérale, leurs relations paraissent toujours fort soudées et dégager des priorités socio-économiques communes ne devraient pas leur poser de problème majeur. Pour la famille socio-chrétienne, il est évident que les liens entre le CD&V et le CDH sont des plus distendus. Cela se situe cependant davantage au niveau des désaccords communautaires et un accord socio-économique devrait donc pouvoir être envisageable, avec un peu de bonne volonté. Enfin, la N-VA sera certainement opposée à un tel schéma car elle n’a rien à y gagner et elle risque de sortir du centre du jeu, ce qui est d’ailleurs un des objectifs de la formule. Il en revient alors aux autres partis de prouver que la recherche d’un accord global prend le pas sur des considérations électoralistes à court terme, quitte à se passer de la N-VA si celle-ci ne suit pas le mouvement.
Le changement de cap proposé ici ne représente bien sûr pas la panacée mais a l’ambition de relancer la dynamique actuelle des négociations qui a l’air totalement grippée, pour ne pas dire plus. Sur le fond, étant donné que tous les partis, hormis l’extrême droite, sont impliqués dans les discussions, peu de variations sont possibles. Il faut dès lors agir sur la forme et c’est le pari qui est pris ici : casser la logique de front flamand contre front francophone, retrouver de la confiance mutuelle entre tenants de la même ligne idéologique et négocier sur base de propositions concrètes couchées noir sur blanc. Cela fait bientôt un an que les 10 millions de Belges attendent qu’un accord soit bouclé et qu’au minimum tout soit tenté pour y arriver. Le volontarisme politique ne fait pas tout mais il est indispensable pour sortir de cette crise profonde. Clap, action !
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